Bateau ivre aux voiles menaçantes

Epaule les vagues aux crêtes saillantes

Ton navigateur à la barre accroché

N’a cure de ce combat de damné

Bravant sans frayeur les affres de son destin

Ignore le rugissement émis par tes embruns

 

Drisses et haubans aux mâts sont bandés

D’artimon en misaine,  les hommes sont dressés

Livrant leur bataille contre les éléments

Comme des fétus de paille dressés au vent

L’embrun et le sel collent à la peau

Comme la misère à ce pauvre rafiot

 

Relève le menton et ouvre les yeux

Devant toi se dresse la colère des Dieux

Au creux de la vague, l’étrave plonge

Dans cette eau si noire, que sans songe

Agrippe la vergue ou tient la hune

Ou tes pieds nus verront la lune

 

Bataille gagnée ou guerre perdue

Bien au delà de ces flots inconnus

L’aurore bientôt de ses rayons poindra

Pour sortir enfin de cette aura 

Marins de cœur, marins de furies

Bientôt pour toi, s’estompera cette nuit