CHARLOTTE, la polyglotte rigolote rigole quand le goal gaulé comme une tuile se prend une taule par Nick. Nick est un pitre, un comique. D’un kick, le loustic balance le ballon qui frôle l’épaule du goal. Ce dernier s’étale dans les pétales de pâquerettes empaquetées près du filet ; le ballon file droit au but inscrivant le point au camp adverse. Ola. Oh ! là ! là ! Autour du terrain, l’euphorie se déverse sur la foule folle de supporters atterrés.
Mais Charlotte se fout du foot mais pas du fou : Nick, et moins encore de son physique. Le premier jour, c’est le déclic ! Nick s’explique, elle réplique « Chic ! » alors il tire son stick qu’il plastique, puis la nique… Hum ! pas très mystique pense-t-elle pourtant Nicolas la flatta, peu après, hélas ! face à ses facéties fastidieuses, elle se lasse, alors il s’efface, se casse, la plante seule devant Paul.
Paul est le pote de Nick. Elle le rencontra dans la bibliothèque de sa fac. Comme il la traite avec tact, elle perçoit dans ses yeux l’esquisse d’une exquise extase. Elle pense : « L’air romantique de Paul compense bien les larges épaules de Nick ! » À défaut d’extase, il la laisse dans l’expectative. Il prétexte une vieille histoire de sexe qui la laisse perplexe. Presque contraints, tous deux s’essayent au jeu de l’Amour. Mais très vite Paul délaisse ses caresses sensuelles dont il est insensible semble-t-il. « Cette fille, bien que fine et profonde, est somme toute commune et superficielle », confie-t-il à Nick qui réplique du tac au tac sur un ton ironique : « Profonde… Une super fille, ciel ! »
Paul joue les chiens, prenant Charlotte pour sa chienne. Comme elle reste sous le charme, il se déchaîne. Chez lui, dans sa chambre, il décide dans finir avec sa chère. Elle est assise sur une chaise, chialant sous le flot des méchancetés chuchotées ; son chagrin ne lui fait ni chaud, ni froid. Le chacal s’acharne sur « sa chose ». Il la chope. Choquée, elle chancelle et choit au sol. Sans ménagement, le vilain la viole.
Perdues les amours de Paul, celles, sans intérêts, de Nick. « Les hommes sont des sa-lauds » Sans cesse citées ces syllabes sensées saper ce sentiment d’absence, semblent sans effet ce coup-ci.
Charlotte désespère ne sachant plus quoi faire. Entre métro et R.E.R, elle galère. Elle croisa le chemin de Jennyfer vers Denfert. C’était, je crois, la fin de l’hiver.
Misandre, la blonde Jennyfer est fière d’en être. La lesbienne la séduit, elle devient son amie. Si bien qu’un jour elle cède, accepte l’invite et très vite se retrouve dans son petit studio parisien, rue Daguerre. C’est bien la seule fois où Charlotte se laisse faire mais devant le savoir faire de Jennyfer, (précisément) elle laisse faire. La fille frissonne comme une feuille, ses joues s’enflamment, elle étouffe. Pour s’en défaire, elle feint la fièvre à l’instant où la fine main feutrée de l’autre femme frôle ses fesses, finalement elle fond en larmes. Fébrilement, elle tente de s’expliquer : « C’est trop bête ! Je ne suis pas prête… » puis elle s’arrête net, défaite. La blondinette lui jette une cigarette qu’elle accepte. Elles ont dormi dans le même lit mais Jenny ne s’est plus permise de… de toute la nuit. Le lendemain midi, c’était fini.
Ah ! ce n’est pas si simple même pour la polyglotte très forte qu’est Charlotte de saisir le langage de l’Amour. Elle se dit cette fois : « Nicolas, Paul ou Jennyfer ! Qu’elle différence puisque je ne comprends toujours pas leur langue. Celui-là est beau mais creux, celui-ci attirant mais attristant et de celle-ci je ne m’accommode pas des moeurs, c’est un amour fictif. »
Alors que neuf mois s’étaient écoulés depuis ces tristes mésaventures, Charlotte accoucha de deux petits jumeaux qu’elle nomma Aimé, car l’un était un charmant petit bambin et Juliette pour l’autre, une mignonne petite fille. Elle les éleva seule sereinement sans se soucier de la pression sociale que les sceptiques faisaient peser sur elle.
Elle leur apprit trois langues : la sincérité, le respect et l’Amour.
Octobre 1995